Tendances de la traite des êtres humains

La Belgique est essentiellement un pays de destination des victimes de la traite des êtres humains. Les victimes étrangères proviennent essentiellement de l'Europe de l'Est, de l'Afrique, de l’Asie du Sud et de l'Est et de l’Amérique Latine.

En moyenne, 130 victimes de la traite ont été identifiées chaque année entre 2009 et 2012. Plus de la moitié des personnes identifiées ont été victimes de la traite aux fins de l'exploitation de leur travail, dans les secteurs importants à risques élevés qui sont la construction, les services de nettoyage et de lavage de voiture, l'industrie hôtelière et les détaillants (magasins de proximité et centres d'appels), l’agriculture et les ateliers clandestins. Environ 40 % d'entre elles ont été victimes de la traite à des fins d'exploitation sexuelle. Ces derniers temps, certains cas relevaient du domaine de la mendicité et des activités criminelles forcées, notamment au sein de la communauté rom. Il y a également des rapports sur des cas où des travailleurs étrangers étaient soumis à la domesticité forcée, y compris dans les corps diplomatiques accrédités en Belgique.

Les trafiquants font passer les victimes d'une ville à l'autre au-delà des frontières belges, allemandes ou hollandaises.   Le recrutement s’effectue de plus en plus en ligne grâce à des annonces d'emplois classés, des forums et des réseaux sociaux, à l’aide d'Internet ceux-ci donnent aux trafiquants l'avantage de trouver toutes sortes d'informations sur leurs victimes qu'ils pourront utiliser pour les manipuler.

 

Le contexte institutionnel

En 1995, la Belgique a mis sur pied une Plate-forme de Coordination Intedépartementale (PCI en français et ICP en anglais) aux fins de lutte contre la traite et le trafic des êtres humains, pour coordonner les efforts au niveau national. Son mandat a été ensuite défini et élargi en 2004. En plus de sa fonction de coordination, la PCI est chargée de formuler des propositions et des recommandations pour les initiatives politiques contre la traite et le trafic, notamment avec un regard sur la lutte contre les activités criminelles des trafiquants et leurs réseaux, la protection des victimes et le suivi des développements et des résultats.

La plate-forme est présidée par le Département fédéral de Justice et elle rassemble des représentants de toutes les entités fédérales concernées par la lutte contre la traite, tant au niveau opérationnel que décisionnel, entre autres:

  • Le Service de politique criminelle du ministère de la Justice
  • Le Service Central de la « Traite des êtres humains » de la Police Fédéral
  • Le Conseil des procureurs généraux
  • Les Services d’Inspection Sociale
  • Le Bureau de l’Immigration
  • Le ministère des affaires étrangères
  • La Sécurité de l’Etat (Ministère de la Justice)
  • Trois ONG financées par le gouvernement, communément appelés centres d'accueil spécialisés, sont officiellement reconnues et autorisées à héberger et aider les victimes de la traite des êtres humains: Payoke pour la région flamande, Pag-Asa, dans la région de Bruxelles et Sürya en Wallonie. 

Le rôle du Secrétaire de la PCI est rempli par le Centre fédéral Migration, une fonction publique fédérale indépendante dont la mission est de fournir une analyse des flux migratoires, de protéger les droits fondamentaux des étrangers et de promouvoir la lutte contre la traite des êtres humains. Le Centre fédéral Migration est également chargé d'établir des normes de prestations pour les trois centres d'accueil spécialisés.

Le Rapporteur National est chargé de surveiller la mise en œuvre de la politique de lutte contre la traite à l'échelle nationale et joue un rôle clé dans la collecte de données sur la traite des êtres humains aux niveaux national et européen. Un arrêté Royal, entré en vigueur en 2014, prévoit que le rapporteur est composé de deux organes, à savoir, la PCI en tant que rapporteur de l'État et le Centre fédéral de la Migration en tant que rapporteur indépendant qui produit un rapport indépendant chaque année. Au niveau de la PCI, le Ministère de la Justice est responsable de la rédaction du rapport biannuel (tous les deux ans) du gouvernement.

En tant que représentant de la société civile, Child Focus siège également à la PCI, en contribuant à la lutte contre le trafic d'enfants. En outre, des représentants des régions et les communautés et les services d'inspection sociale régionale sont également membres de la PCI depuis 2014.